Et bon appetit !

[Jardin]

Les premiers pas avaient été difficile et Takara ne pouvait s'empêcher de penser que Tak avait sa part de responsabilité, mais que serait-elle sans elle, elle ne pouvait lui en vouloir.
Voulant faire taire les gargouillement que son ventre ne cessait de faire, Takara s'était dirigée vers la salle à manger pour pouvoir y prendre son petit déjeuné.

Elle fit l'entrée la plus discrète possible, ôtant son écharpe et son bonnet pour les glisser dans la poche de son sweat, elle longeait les murs, le regard sur le sol, en direction de la nourriture.

La nourriture proposée était loin de ravir la jeune fille, elle se contenta de prendre un jus de fruit, perdre du poids n'était pas un mal de toute façon, elle supportait de moins en moins les formes que son corps prenait, surtout au niveau pectoral, le volume de sa poitrine la gênait plus qu‘autre chose.

Elle alla s'asseoir à une table quasiment vide, se plaçant loin de ses camarades, elle laissa les larmes couler sur ses joues, le regard plongé dans le verre de jus de fruit, les pensées toujours plus sombres quant à son avenir.

[<douches garçons]

William avait d'abord pensé trouver la cusine, comme hier soir. Cependant, il était entré une porte avant, et à sa grande surprise, il y avait là une sale à manger, rangée comm eil se doit, et un repas servi.

Il entra dans la pièce d'un air noble, et prit un plateau pour se servir un breakfast. Il jaugea la nouriture avec dégoût... la seule hcose buvable qu'il pouvait accepter était un thé japonais. Il prit une petite théière accompagnée d'une tasse et se servit des biscuits verdâtres. William se rappella que les japonais mangeaient des biscuits aux algues, et s'il ne s'agissait pas de ça...et bien, il n'aurait qu'à se faire vomir.

Il inspecta les tables, défilant entre les rangées. Il y avait une table assez tranquille au fond, un ejuen fille y était assise.
Il s'approcha, déposa son plateau, ne prenant pas la peine de demander si sa présence dérangeait et s'assit en face de la ravissante jeune fille.

"Belle journée n'est-ce pas?" annonça t-il dan sun fort accent anglais.

Il n'avait pas remarqué les larmes qui coulaient des joues de la fille.

Plongée dans ses pensées, Takara n'avait pas entendu le garçon approcher, c'est quand il lui adressa la parole qu'elle se rendit compte de sa présence.
Sortant de sa rêverie, elle se maudit pour son manque de prudence, Takara essuya ses joues humidifiées par les larmes du revers de la manche de son sweat qui pendouillait au bout de sa main.
Une nouvelle rencontre, une nouvelle occasion pour Tak de réapparaître, elle ne pouvait pas lui laissait le choix, il fallait qu'elle le lui interdise, quitte à s'enfermer quelque part, le manque de cellules capitonnées étaient peut-être une mauvaise idée en fin de compte.

Elle prit son verre de jus de fruit qui arborait une couleur claire, y déposa les lèvres sur le bord et en but une longue gorgée, elle profitait de ce laps de temps pour trouver une réponse à donner.
Elle déposa le verre qui semblait contenir un jus de Litchi sur son plateau et ne releva pas le visage quand elle prit la parole de sa voix tremblotante.

Ce n'est pas le terme le plus approprié pour décrire ma première journée dans cet endroit...

Il se servit un peu de thé, tout en se rejouissant de l'apparente normalité de la jeune fille.
Les yeux rivés sur sa tasse, l'air satisfait, attendant une quelconque réponse de la part de son interlocutrice, il ne fit pas attention à la manche de son sweat qu'elle se passa sur ses joues, ni au léger tremblement qui vibrait dans sa voix lorsqu'elle parla.

Non, tout cela William ne le remarqua pas, car il était de bonne humeur... il venait de se laver.

"Ah? Oui...suis-je bête. Ici, rien ne peut-être vraiment beau. Vous venez d'arriver? Alors je vous souhaite la bienvenue"

*Même si c'est la dernière chose que j'aimerais souhaiter à quelqu'un ici...*

Il chassa ses pensées, refusant de gâcher la journée qui s'annonçait.

Son coeur donnait un vrai concerto à l'intérieur de sa poitrine, cognant toujours plus fort, la crainte avait de nouveau prit possession de son corps. Mais qu'est ce qui lui faisait le plus peur, le jeune homme en face d'elle ou le fait que Tak puisse réapparaître quand elle le désirait ? Son seul refuge se transformait peu à peu en son pire cauchemar, car c'était bien de cette crainte là qu'il s'agissait, elle aurait pu s'accrocher aux bottes de son interlocuteur si cela lui permettait d'échapper à son double.

Que de changement en l'espace de quelques heures et Takara avait le pressentiment que les choses n'allaient certainement pas aller en s'améliorant.
Elle émit un petit rire quand il lui souhaita la bienvenue, elle aurait aimait ne pas l'être, se voir refuser l'entrée, aller ailleurs, devenir une autre...

Merci.
Je suis Takara Kitano...

Elle n'esquissa aucun geste, ne cherchait pas le regard du jeune homme quand elle s'adressait à lui, elle pouvait paraître impolie, mais elle ne voulait pas voir son regard sur elle, le voir dévisageait ses traits disgracieux, ce corps des plus laid.
Elle laissa retomber quelques mèches de ses cheveux, qu'elle avait détaché, sur son visage pour le cacher un peu plus à la vue.
Elle aurait aimait se cacher, être dispensée du contact des autres qui la mettait en danger, mais il lui faudrait affronter ça le temps qu'elle serait à Thao et sa sortie n'était certainement pas pour un futur proche, alors autant s'y faire au plus vite, ne voulant surtout pas que Tak se charge de nouveau des présentations.

William laissa infuser le thé dans sa tasse bouillante. Il releva le yeux vers Takara pour lui répondre:

"Enchanté Mademoiselle Kitano. Je suis William Marple."

Il ne baissa pas le regard, elle avait un joli visage, mais elle ne s'habillait pas décemment pour une jeune fille de son âge, emmitoufflée ainsi. Il haussa les épaules, bah... il valait mieux ça qu'une tenue provocante, elle devait être très pudique.
Il continua de jauger l'adolescente, tout en sirotant son thé.
Un sourire charmeur apparut sur ses lèvres. Cette fille était le genre de personne, à première vue, qui pouvait facilement se mettre à ses pieds.

Mais William le prétentieux avait un défaut qui lui jouait des tours... sa manie de juger les gens "à première vue". Rien encore ne lui avait donné tort, et comme chacun le sait, une erreur fait mieux apprendre la leçon. Alors devait-il attendre de faire une erreur pour changer?
Il avait bien croisé des personnes loufoques, mais il avait remarqué leur côté malsain dès les trois premières phrases. Or pour lui, trois phrases, une attitude, un code vestimentaire... c'était suffisant pour catégorifier une personne.

Mais les éventuelles erreurs de jugements, William était loin d'y penser.
Non, à l'instant présent, l'écossais de bonne famille ne pensait plus qu'à une chose: séduire pour se servir.

Voyant que la jeune fille ne levait pas les yeux vers lui, il tenta une approche courtoise:

"Vous êtes si ravissante Mademoiselle, dommage que vous baissiez les yeux ainsi. Je vous fait peur?"

Tak leva ses yeux bleu nuit pour regarder qui donnait la réplique à Takara. Un grand sourire apparu de suite sur ses lèvres.

Me faire peur, mon cœur ?! Avec un si joli minois qu’aurais-tu de si effrayant ?

La tête légèrement baissée, le sourire en coin et le regard plongeait dans les yeux de William, elle attendait avec une certaine impatience sa réponse, se disant que finalement les pensionnaires pouvaient révéler de bonne surprise et que visiblement William sortait du lot et ce pour son plus grand plaisir.

Trop s’en était trop, Takara savait pertinemment sur quoi ce type de dialogue allait déboucher.
Petit 1) tu es jolie, toi aussi, bla bla bla, vient dans ma chambre on a joli vu, allonges toi sur mon lit, il est confortable, et vla que je me met à te tripoter de partout, on se désape et c’est partit.
Petit 2) Monsieur Marple n’aime pas les filles faciles, et pourtant Dieu sait comme Tak pourrait lui forcer la main, puisque c’est lui qui commence à jouer les pseudo dragueur. Il l’enverra promené, ce qui sera loin de lui plaire et Takara aurait un troisième pensionnaire sur le dos...

Non ! Elle ne pouvait décemment pas la laisser faire. Reprenant le dessus, elle regarda son plateau et son verre encore à moitié plein.

Veuillez m’excuser, mais je dois sortir de table.

Sans un regard pour William, elle se dirigea vers la sortie, se faisant bousculer au passage par les pensionnaires sans même y faire attention.
Comme elle aimerait que Tak ne soit pas que dans son esprit, qu’elle soit une personne physique, elle aimerait tant lui tordre le cou pour lui faire passer ses envies, se surprenant elle même pour ces pensées violente qu'elle aurait été loin d'avoir il y avait seulement quelques heures...
A quel moment avaient-elles tant changé ? Cette question ne quittait plus son esprit.

Il fallait qu’elle s’isole, mais où? Sa chambre était vide tout à l’heure, elle espérait qu’elle le soit encore. Il fallait dormir, plonger son corps dans la léthargie, empêcher Tak de prendre une nouvelle fois le contrôle.
Elle jeta un bref coup d'oeil à la table qu'elle occupait, espérant que William ne freine pas sa sortie.

William haussa les sourcils surpris de la réponse directe de la jeune fille.
Il lui rendit un sourire malgré tout.

*Bien, voilà la troisième phrase révélatrice* pensa t-il.

Cette fille n'était pas si timide qu'elle en avait l'air, elle savait répondre. Seulement ce n'était pas le type de réponse qu'il espérait... elle avait l'air si ...vulgaire.
Nymphomane sous airs de gentille fille? Il se tordait l'esprit à essayer de mettre à tout prix une étiquette sur son interlocutrice.
Pour peu, il aurait bien aimé rentrer dans son petit jeu, mais il ne se rabaisserait jamais à tenir des propos déplacés. Non, non, non. Dignité avant tout.

Pendant qui'l remuait ses méninges pour savoir comment s'approprier le rôle du dominant, Takara s'empressa de quitter la table.

Il but son thé d'une rasade, s'essuya délicatement les lèvres et se leva à son tour.
Enfin un peu de jeu... que demander de plus? Depuis son arrivée il n'avait pas encore eu l'occasion de s'amuser. Enfin "s'amuser" à sa manière...
Il essaya de se rapeller quelle était la dernière personne qu'il avait asservie?
Il émit un petit rire de gorge.

Le changement de comportement de Takara le fit s'interroger. Soit elle était gênée par ce qu'elle venait de dire et préférait fuir plutôt que de s'enfoncer, soit elle ne voulait pas de lui pour x raisons.
Mais qu'elle le veuille ou non, il se mit à la suivre.

Il la rattrapa par le bras d'une main ferme.

"Allons, pourquoi partez vous si vite?"

Il avait osé la toucher, Takara sentit le sol se dérober sous ses pieds, elle allait être dévorée par le vide abyssal pour la troisième fois de sa vie, chose dont Tak était passée maître, les deux premières fois c'était lorsqu'elle avait voulu cogner son frère, elle voulait épargner cette vue à Takara qui en avait déjà trop vu, mais cette fois-ci c'était venu instinctivement. Elle avait sentit l'étreinte se resserrait sur le bras de Takara, la stopper dans son avancé sans qu'elle s'y attente, l'obliger à lui faire face.

Tak regarda la main sur son bras, puis son regard se porta sur celui qui avait commit la faute pour descendre lentement sur sa gorge, elle dit alors d'une voix des plus mielleuse.

Es-tu certain de me vouloir pour compagnie... ?

Elle s'était doucement approchée lorsqu'elle parla, mettant juste ce qu'il fallait de distance entre elle et William. On pouvait presque sentir la jeune fille bouillonner de rage, d'un geste rapide, sa main droite vint enserrer le cou de jeune homme, Tak avait perdu toute sympathie dans le regard et sa voix avait adopté un timbre des plus glaciale.

Reposes ta main sur elle, ne serait-ce qu'une seule fois et je te ferai connaître des douleurs encore insoupçonnées !

Sa main resserrait l'étreinte au fur et à mesure de ses paroles et avant que l'envie de l'achever ne devienne trop présente, elle céda la place à Takara.
La jeune fille ôta de suite ses doigts de la gorge de William et put facilement imaginer ce que Tak était en train de faire.
Ne la mettait-elle pas plus en danger en ayant ce genre de comportement ? Pourquoi ne l'avait-elle pas laisser fuir tout simplement, il n'aurait pu la retenir contre son gré...
Elle regarda la main de William, agrippée sur son pull, elle en avait la nausée, il pouvait peut être sentir son corps au dessous...

Je n'ai aucunement à me justifier auprès de vous, Monsieur.
Veuillez me lâcher, il me faut regagner ma chambre !

Toutes les hypothèses concernant la réaction de Takara auraient pu être envisageables. Mais en aucun cas, William ne se serait attendu à cela.

Avant d'avoir eu le temps de dire quoi que se soit, la jeune fille avait ensérré sa gorge, d'une telle force, qu'il sentait sa pomme d'Adam s'écraser. Il fronça les sourcils, lâcha le bras de la fille et porta sa main sur le poing de Takara qui l'étouffait. Il planta ses ongles jusqu'au sang pour qu'elle relâche son cou.

Non, il vallait mieux ne pas insister, cette fille était une folle, comme les autres.

Takara déserra sa main, et il prit une grande inspiration, lui lançant un regard mauvais.
Il aurait aimé la punir en cet instant, lui démolir le visage. Mais il n'avait jamais frappé une fille, et n'en frapperait jamais une.
Et d'ailleurs, il était rare qu'il en vienne aux mains avec qui que se soit. Il jugeait la violence comme étant l'arme des faibles.

"Pardon de vous avoir dérangée. Vu votre sympathie, j'éviterai de vous approcher la prochaine fois."

Il était pâle comme un mort, et avait encore un peu de mal à reprendre sa respiration. Un horrible mal de tête fit son apparition. Il porta une main sur son crâne, plissant les yeux.

Bien, peut-être que cette "erreur" n'était pas si négative, au moins il aurait reçu une leçon.

La tête lui tournait, il trouva une chaise et s'assit dessus, prenant sa tête dans ses mains. Il attendrait jusqu'à ce que le mal passe.

Takara porta son regard sur sa main, elle y vit la trace des ongles de William, rougit par les quelques gouttes de sang qui s'y échappaient.
Elle reporta ensuite son attention sur le jeune homme qui repartait en direction d'une table.
Devrait-elle aller s'excuser ? Non, après tout il l'avait bien cherché, pourquoi ne l'avait-il pas simplement laisser partir...
Les relations humaines étaient réellement des plus compliquées, était-ce simplement ici, parce qu'elle était entourée de fous, où était-ce aussi difficile dans la vie au dehors.
Qu'en savait-elle, Takara n'était jamais sortie de chez elle...

Elle se donnerait le temps de la réflexion, le jeune homme ne devrait certainement pas être si difficile à trouver ultérieurement, pour le moment il lui fallait se reposer.
D'abord parce que ces premières heures avaient été riche en émotion et l'avaient mentalement épuisé, puis parce qu'elle savait que Tak ne pouvait rien quand elle sommeillait, du moins le croyait-elle...

[Chambre F]

>> Cuisine.

Une porte s'ouvrit et une silouhette noire apparut, celle-ci s'enfonça dans le couloir sud en direction des escaliers. Frédéric franchit la porte restée ouverte. La pièce devait mesurer dix mètres sur quinze, d'une hauteur de quatre mètres. Des tables s'alignaient au centre de la salle et un buffet longeait le mur en face de lui.

*Ce doit être le réfectoire... Quel idiot, si j'avais trouvé cette salle avant, cette cuisine ne m'aurait pas causé tant de problèmes. Non, c'est plutôt la faute de cette réceptionniste incapable !*

Quelques pensionnaires déjeunaient ou somnolaient devant un verre d'eau. Certains discutaient à voix basse, il en vit même un parler à un pot en terre cuite... Frédéric s'approcha des mets disposés ça et là sur la desserte. Rien de bien appétissant, quelques biscuits tirant sur le vert, une cafetière à moitié vide, des corbeilles de pain rassit et il jurerait que le lait dans les pichets avait tourné.

Il s'apprêta à sortir lorsqu'il vit son camarade écossait à une table, la tête dans les mains. Visiblement son état ne s'était pas amélioré. Il le rejoind, prit place face à lui et attendit qu'il remarque sa présence.

Pris de vertige, William enfonça ses doigts dans ses cheveux, s'obligeant à se reprendre. Lui qui allait si bien tout à l'heure, il avait tout gâché en voulant à tout prix jouer avec la fille. Alors qu'il aurait pu s'en passer...
Non, il n'y était pour rien, tout était de sa faute à elle.
Décidemment, il devrait rester sur ses gardes les prochaines fois...

Il essaya de réflechir tant bien que mal, à cause de la douleur atroce qui martelait son crâne.
Il était de plus en plus pâle, et il avait du mal à tenir debout.

En son for intérieur, il se sentait terriblement honteux.
Les autres pensionnaires présents dans la pièce le regardaient bizaremment, il fit comme si de rien n'était. Jamais il n'avait connu une telle chute de son égo...
Pourquoi n'y arrivait-il plus? Etait-il trop faible? Ne pourrait-il plus jamais monter sa supériorié?

Un flot de souvenirs traversèrent son mental... Il entendait une cloche résonner, un choeur entonner un psaume en latin...
Tout cela il l'entendait clairement.
Une voix...une voix familière...celle de son précepteur...

"William, Dieu n'a pas envoyé Jesus parmi les hommes pour qu'il soit supérieur. Il l'a envoyé pour être comme les autres. Je pensais que tu comprenais le message de Jesus...William..."

D'incessantes paroles faisaient echo à ses protestations dans son crâne, il se boucha les oreilles pour ne plus rien entendre...

*Je ne veux pas... je ne suis pas d'accord...*


Son visage était décomposé, il n'entendait plus rien de la réalité.
Il ne remarqua même pas que quelqu'un s'était assis en face de lui.

William pleurait.

Le jeune français considérait William. Non, son état avait bel et bien empiré mais ce n'était pas comme l'autre fois. C'était surtout le teint d'une pâleur presque mortelle de l'écossais qui le déconcertait. Etait-il malade ? Non, quelques larmes coulaient le long de ses joues. Qu'est-ce qui avait bien pu l'affecter ?
Il ne semblait pas non plus remarquer sa présence. Peut-être fallait-il le laisser en paix.

S'il était dans son cas, Frédéric n'aurait probablement pas aimé que l'on s'en mèle, mais qu'en était-il de lui ?
Finalement cette question vallait-elle la peine d'être posée ? Il ne voyait pas comment il pourrait l'aider.

Le fou avait interrompu son entrevue avec la poterie pour porter son attention sur William. Il n'était pas le seul, d'autres têtes s'étaient tournés vers lui. Frédéric jeta un regard homicide au fou et celui-ci reprit sa colloque. Cela ne les regardaient pas... Après tout lui non plus. Petit à petit les attentions se détournèrent.

Que faut-il faire ? Quel est le bon choix ? Il pourrait tout aussi bien sortir d'ici mais l'idée de le laisser seul lui disconvenait.

Il patienta cinq minutes ainsi, sans bouger puis risqua quelques mots à voix basse.

-Monsieur Marple, vous m'entendez ?-

Les larmes tombaient sur ses genoux, à grands flots. Il retira ses mains de ses oreilles pour s'essuyer.
Les paroles de ses souvenirs avaient maintenant laissé place à un terrible bourdonemment.

Il renifla, espérant ainsi faire cesser le flot de larmes qui coulaient sur son visage. Ses yeux étaient rougis.
Comment avait-il pu en arriver là? Il ravala un sanglot et releva la tête avec un effort douloureux.
Les pensionnaires s'étaient désintéréssés de lui, il balaya la salle du regard, d'apprêtant à injurier le premier regard indiscret.

Il entendit un marmonement en face de lui. Toujours saisi de son terrible mal de crâne, il réussit tout de même à reconnaitre Frédéric.
Que faisait-il ici?

Il ressentit une grande vague de desespoir en lui... être vu dans cet état par quelqu'un de respectable était la dernière chose dont il avait envie.
Confusion, honte, malaise, envie de vomir, envie de s'évanouir... il ne savait plus où se mettre.

Lentement, il tenta de se relever, en titubant. Il se tint aux chaises devant lui pour pouvoir avancer, il fallait qu'il quitte cet endroit...au plus vite...
Il fit quelques pas, mais n'ayant pas vu une immondice qui traînait sur le sol (un objet non identiifié) il glissa et tomba la tête la première sur le sol, ne manquant pas de se fracasser le crâne.

L'audience (chanceuse) de cette salle, ignorait certainement qu'en cet instant elle asistait à la scène la plus déshonnorante de la pitoyable vie de William.

C'était une question idiote, bien sûr qu'il devait l'entendre. Mais son état le contrariait réellement. Jamais il n'aurait pu imaginer cela du jeune Marple... Mais quelle en était la cause ? Peut-être avait-il sut la vérité à propos de cet endroit... Non, il n'aurait pas réagit de la sorte. C'est ce que l'on pouvait appeler un cas de conscience.

William fit quelques pas vers la sortie avant de s'étaler royalement sur le sol carrelé. Frédéric se précipita pour l'aider à se relever. Décidemment, il était magnanime aujourd'hui... Les regards se tournèrent à nouveau vers lui et quelques rires se firent même entendre. Il aida l'écossait à retrouver son équilibre et le fit asseoir sur une chaise à l'écart des autres pensionnaires.

Son camarade saignait du nez, mais cela irait si ce n'était que ça, il aurait pu se faire beaucoup plus mal. On ne voyait pas une telle gamelle tous les jours... Frédéric alla chercher des serviettes en papier au comptoir et les déposa sur la table.

-Monsieur Marple, vous n'avez rien de cassé ?-

Il y avait quoi être peiné de son état mais Frédéric n'epprouvait aucune pitié. Peut-être par respect pour sa personne, il ne supporterait pas que l'on en ressente à son égart.
Voila, s'il l'avait aidé, c'était par sympathie, rien de plus... Et peut-être aurait-il fait la même chose si les rôles étaient inversés.

S'accrochant comme il pouvait au bras de Frédéric, il se retrouva assis sur une chaise, dans un état déplorable et ce, à vue de tous.

Ah, s'il avait eu un peu de force il aurait cassé les dents de celui qui avait osé rire. Mais, non, non... devenait-il faible au point d'avoir envie de frapper?
Il porta sa main sur son visage... une bosse dur son front, le nez qui saignait...
Il pensait vraiment tomber inconscient, et cela l'aurait peut-être arrangé...

Frédéric rapporta des serviettes en papier, et s'adressa à lui, comme s'il venait de rater une marche ou quelque banalité. William regarda son camarade, d'un air inquisiteur.
Se fichait-il de lui? Ou faisait-il exprès de ne pas paraître dérangé par la calamité qu'il avait devant lui?
William se força à trouver quelque chose à répondre... quelque chose de digne... de confiant...de

"Ne me regardez pas, je dois être hideux."

Il détourna le regard. Non, s'en était trop de lamentations, comment allait-il s'en sortir?

Le jeune homme semblait reprendre possession de ses moyens. Même commotionné, il ne mettait pas son égo de côté. Son orgueil devait être encore plus grand que ce Frédéric imaginait.

-Allons bon. Ce sont des choses qui arrivent à tout le monde. Vous devriez plutôt vous inquiéter pour votre santé... Votre crâne a violemment heurté le sol. Estimez-vous chanceux de n'avoir rien d'autre qu'une légère migraine.-

Le français déplaça une chaise et s'assit. Il ne s'agissait pas d'être indifférent mais simplement neutre. William était suffisamment humilié, ce n'était pas la peine de lui faire prendre compte de son triste état.

-Si vos maux de tête n'ont pas cessé dans quelques minutes, je vous donnerai un traitement. Pour ce qui de votre boss... de vos contusions, je vous invite à y faire couler un peu d'eau froide. Cela devrait suffir à calmer la douleur.-

La voix de Frédéric se voulait calme et posée. Il se demandait toujours ce qui avait bien pu provoquer cet évênement. Cette question lui brûlait les lèvres mais il ne pouvait se permettre de la lui poser, surtout pas maintenant.

*Des choses qui arrivent à tout le monde ? Mais pas à moi !*

Le français n’avait cependant pas tort, le barbare mal de crâne qui l’avait envahi tout à l’heure s’était légèrement dissipé.
Avait-il pris de la consistance ? Il s’étonna d’avoir tenu le choc sans avoir défailli.
Il n’osait toujours pas reporter son regard sur Frédéric, il aurait simplement préféré qu’il ne soit pas là. Il se sentait si ridicule…

*Dans quel état me suis-je mis pour si peu ?*

Il était conscient de sa fragilité, et s’en sentait frustré. Qu’aurais dit Mère en le voyant ? Oh… elle aurait pâmé elle aussi, et aurait supplié les domestiques d’aller chercher un docteur…Cette pensée lui fit mal. Etait-il donc si dépendant des autres ? Ne s’était-il pas promis en venant ici, d’acquérir lui-même autonomie et honneur ?
Il soupira… il était loin d’y être.

Bon, il fallait qu’il se concentre.
Premièrement, ne pas évoquer la cause de son état devant le français, deuxièmement… Frédéric voulait l’aider ?
Deux solutions s’imposaient : refuser et se débrouiller seul ou accepter et se rendre vulnérable.
Il regarda enfin son condisciple, essayant de cacher toute trace d’émotion dans ses yeux.
Pourquoi ne s’était-il pas servi de lui avant ? Il aurait facilement pu prendre le dessus, la dernière fois, dans la cuisine… c’était l’autre qui était en position de faiblesse. Il secoua la tête. En scrutant le visage impassible du français, impossible de savoir s’il pouvait être rendu docile. Et puis, sans savoir exactement pourquoi, il lui inspirait confiance et sympathie.

Il pencha la tête en arrière pour faire cesser le sang de couler de son nez et répondit :

" ça ira je vous remercie, j’ai moi-même ce qu’il faut pour me remettre d’aplomb. "

Il était bluffé par le sang froid dont faisait preuve le français.
Ah, et tout ce sang, tous ces microbes qui l’avaient envahi pendant sa chute… il y pensait aussi.
Tout avait donc changé à ce point ? Il avait au moins appris une chose : ici, quoi qu’il arrive il fallait en venir aux mains pour maîtriser autrui. Quelle contrariété…

Il toisa à nouveau Frédéric, se montrait-il simplement courtois ou témoignait-il une quelconque sympathie à son égard ? Quelles que soient ses raisons, il lui était reconnaissant de ne pas le prendre en apitoiement.

"Je regrette que vous ayez eu à assister à tout cela. Maintenant permettez moi de disposer. "

Il se leva, prit une serviette en papier sur la table et l’imbiba de sang en palpant son nez. Il fit une légère révérence au français, puis d’un air princier se dirigea vers la porte. Il brava l’assemblée de son air le plus hautain et claqua la porte bruyamment.

[>chambre E]

Le départ remarqué de son camarade le fit sourire. Une sortie qui frisait l'outrecuidance dans sa situation... Cela avait quelque chose de risible, en particulier cet air altier qu'il prit avant de franchir la porte. Frédéric commençait à le comprendre, il était déjà sûr de connaître la raison de son départ : sa dignité et même sa fierté démesurée d'après ce qu'il avait pu voir de sa retraite. Oui, ce William prétentieux l'amusait.

Il conclut de sa réponse qu'il était allé se soigner. Frédéric tentait de ne pas trop s'en faire à propos de sa santé, après tout cela n'avait pas l'air bien grave. Un peu de repos il ne paraîtra plus rien. Mais quelque chose l'ennuyait encore... Qu'est-ce qui avait bien pu pousser l'écossais à bout ? Cela devait être sérieux.

*Je n'ai pas à m'en mêler. Ce ne sont pas mes affaires...*

Le français alla au buffet, se servit un peu de café dans une des rares tasses propres et vint se rasseoir. Il n'y avait ni soucoupes, ni cuillières... Cela ne l'empêcherait pas de boire son café, si ?

Bien que cette salle ne fut pas vide, elle était plus agréable que les autres, ou plutôt moins déplaisante. Le léger bruit de fond et l'odeur du thé, du café, donnaient l'impression de pas être à Thao. Ici, il n'y avait ni les odeurs âcres des asceptisants, ni ce silence lourd singulier à l'établissement.

Le jeune homme trempa ses lèvres dans le café et déposa immédiatement la tasse sur la table. Il était froid, insipide. Frédéric abandonna le mélange de mokas sur le comptoir et sortit à son tour.

>> N'importe.