LE début de la fin

- Je sais maman. Je suis consciente que c'est pour mon bien que vous m'emmenez ici.

C'est tellement facile de raconter n'importe quoi à ses parents. Il suffit de leur dire qu'on comprend leur situation et ils ont l'impression d'avoir leur travail médiocre de parents à la perfection, alors que nous savons très bien qu'il n'en est rien, qu'ils n'ont rien fait pour moi. Ils souhaitent seulement se débarrasser de cette fille folle qui les embarrasse devant leurs amis.

Tiens. Elle me serre dans ses bras et elle pleure. Mais je ne dois pas me laisser berner. Elle pleure de joie oui! Elle est contente de me dire au revoir pour "une période de temps indéterminée" comme elle le dit si bien elle-même.

- J'espère que tout ça t'aidera à avancer, me dit-elle.

- Je l'espère aussi maman, dis-je, les dents serrées.

Désolée de te décevoir la vieille, mais je ne sortirai pas d'ici moins folle que je le suis. Pour la simple et bonne raison que je ne suis pas folle, au contraire de ce que tout le monde semble croire. Vous me croyez folle parce que je suis différente de vous, que j'ai quelque chose que vous n'avez pas. Ce que vous appelez maladie, c'est un don du ciel. Quand le comprendraient-ils enfin un jour?

Maman m'a demandé de mettre ma jolie robe grise ce matin, mais je n'ai pas voulu. Jesse et moi préférons et de loin la jupe courte qu'il m'avait offerte avec le t-shirt ajusté "Go kill yourself" qui va si bien avec. Le tout agrémenté de mes nombreux bracelets pour le moins épineux. À ma ceinture pend une bombe de peinture rouge dont je n'ai pas voulu me départir, même si la crise "canette de peinture" a coûté quelques cheveux à mon père ce matin. La peinture c'est ma vie. Non contents de m'envoyer dans cet endroit lugubre où je serais entourée de personnes toutes plus piquées les unes que les autres, ils voulaient me priver de ma vie? Mais je ne me suis pas laissée faire, et me voici enfin, accompagnée de mon art, ma forme d'expression favorite.

Mes parents continuent de parler ensemble pendant que je regarde l'immensité de la pièce qui marque l'entrée de ma nouvelle "vie". Je devrais plutôt dire le début de la fin pour moi. Mais bon. Je dois faire comme il le dit. Être forte, et ne pas me laisser faire. Je remarque à peine que ma mère s'est approchée de moi.

- Ça va aller?

- Oui maman.

Je me sens aussi bien qu'un enfant abandonné misérablement par ses parents peut se sentir.

- On va y aller nous. Quelqu'un va sans doute venir t'accueillir et te faire visiter les lieux.

- Hn.

- Il est avec toi en ce moment? me demande-t-elle en regardant autour.

Je regarde à ma droite. Jesse est là, qui me sourit et me fait signe d'être discrète. Je secoue la tête.

- Non. Il n'est pas là. Ne t'en fais pas maman. Je lui ai dit de ne pas venir ici avec moi, que ça serait plus compliqué s'il était là.

Si elle savait que je suis en train de lui répéter intégralement ce qui lui-même m'a demandé de dire, elle deviendrait folle.

- C'est bien. Je suis fière de toi, dit-elle doucement, mais avec ce petit tilt à l'oeil qui lui est caractéristique chaque fois qu'on parle de Jesse.

- Hn.

Ma mère me serre à nouveau dans ses bras minces et par-dessus son épaule, je fais un sourire embarrassé à Jesse, qui me répond par un haussement d'épaule tout simple. Mon père se contente de prendre ma main dans la sienne et de me donner une bonne tape dans le dos. Il n'a jamais vraiment adoré les adieux. Enfin, ils quittent les lieux, me laissant seule comme ils le croient.

- Bravo, me glisse Jesse. Tu leur as bien joué la comédie.

- C'est parce que tu me l'as demandé, dis-je en souriant.

Nous restons là un moment, à nous regarder mutuellement. Jusqu'à ce que nous entendions des bruits de pas derrière moi. Il pose son doigt sur ses lèvres et me fait comprendre que je dois faire comme s'il n'était pas là, comme il l'a fait si souvent ces derniers temps.

Une ombre s'approcha méfiement d'Armie. Elle ne marchait pas sur le petit sentier, mais à coté, sur l'herbe. Bientôt, on pu reconnaitre la silhouette élancée d'un garçon. Ses cheveux gris en bataille, et l'air déboussolé, comme toujours. Il collait tellement bien avec l'espace lugubre et délabré de l'entrée du pensionnat, avec sa démarche incertaine mais son regard noir très perçant.

Il s'arrèta à quelque mètres d'Armie lorsqu'il la remarqua enfin. Il regarda derrière lui, puis en l'air. Les gros nuages gris se trainait lentement sur la voute du ciel et semblait ne pas se décider pour pleuvoir ou non.
Il tourna la tête vers Armie et la regarda. Mais ses yeux ne semblait pas s'érrèter sur elle, comme s'il voyait à travers sa chair. Après quelques instants, il cligna des yeux et sembla réagir.

"..."

Charly hésita et fit un pas en arrière. Puis un deuxième. Mais il s'arrèta de nouveau et finalement, sans trop savoir ce qui venait de le décider, il se ravança franchement vers elle.

" Tu as des drôles de cheveux, tu sais ? Je n'en ai jamais vu d'aussi noir ! "

Et d'un geste vif, imprévisible, il frôla le bout de quelques mèches. Presqu'aussitôt, il retira ses doigts comme s'il venait de se brûler et fit un bond de coté. La mine inquiète, il regarda tout autour de lui avant de regarder Armie avec étonnement.

" Tu n'as rien sentie ? "

Lentement, je me retourne vers la provenance des bruits de pas, pour savoir à qui j'ai affaire. J'espère que je ne tomberai pas sur un cas lourd pour ma première journée ici. Je regarde attentivement la silhouette mince et grande qui s'avance vers moi. Je ne distingue d'abord pas son visage, mais peu à peu, ses traits m'apparaissent. Sur quoi je suis tombée merde? Je m'aperçois que la démarche hésitant du jeune homme est aussi accompagnée d'un air ahuri sur le visage. Ses cheveux sont gris, couleur étrange pour quelqu'un de son âge. En tout cas, je n'ai jamais connu personne en bas de quarante ans avec cette couleur de cheveux.

Le garçon s'arrête à quelques mètres devant moi. Il tourne lentement la tête vers l'arrière, comme pour s'assurer de la présence ou non présence de quelqu'un. Puis il regarde le ciel… Il est peut-être juste étrange finalement… Je me demande ce que le ciel a de si intéressant. Je lève discrètement les yeux –en remarquant que Jesse a le même réflexe que moi d'ailleurs- et constate avec un désintérêt non dissimulé qu'il n'a absolument rien de spécial. Seulement un peu annonciateur de mauvais temps à venir. Ce type ne me parait vraiment pas net. Qu'est-ce que je fais dans cette maison de fou?

Je ramène mon regard sur l'inconnu qui –ô surprise- a lui aussi les yeux fixés sur moi. Enfin, c'est d'abord ce que je crois, mais son regard est absent, vide de toute lueur d'intelligence. Je pousse un soupire et le voie qui semble divisé par l'idée de s'approcher et celle de prendre la fuite. De plus en plus étrange. Il commence vraiment à me faire peur. Parlant de peur… Qu'est-ce qu'il fait ce taré? Son pas s'accélère brusquement et il avance vers moi à toute vitesse, comme s'il venait de s'apercevoir de ma présence. J'interroge Jesse du regard. Il se contente de hausser les épaules, ne sachant pas plus que moi comment réagir.

-Tu as des drôles de cheveux, tu sais ? Je n'en ai jamais vu d'aussi noir !

-Euh… C'est un compliment ou un reproche? je demande, incertaine, sans recevoir de réponse.

On n'est jamais trop sûrs avec les fous. Mieux vaut ne pas interpréter trop vite leurs paroles. Quoi qu'il faut faire attention parce qu'ils sont imprévisibles. D'ailleurs, celui-ci ne semble pas échapper à la règle. Son bras amorce un rapide mouvement vers mon épaule et touche la pointe de mes cheveux. Je hoquette. Il vient de me toucher? Je rêve non? Une moue dégoûtée et agacée apparaît sur mon visage et je remarque que Jesse semble trouver la situation amusante vu le sourire qu'il arbore fièrement. Aussitôt qu'il a effleuré mes cheveux, le garçon fait un bond sur le côté, comme si quelque chose l'avait frappé de plein fouet. Je ne me le répéterai jamais assez. Ce garçon est piqué.

-Tu n'as rien senti?

D'abord intriguée par ses paroles, je me ressaisis vivement. Ce type est interné ici et c'est pour une bonne raison apparemment. Rassemblant tout le mépris dont je suis capable de faire preuve aux pauvres victimes de mon caractère de cochon, je lui crache pratiquement ma réponse au visage.

-Si. J'ai senti qu'un taré venait de me toucher les cheveux.

J'entends clairement l'éclat de rire de Jesse. En souriant, il me fait signe de me calmer. Ce n'est pas le temps de me faire détester, à peine arrivée. Je bougonne légèrement puis retourne ma tête vers le petit effronté. Je vais essayer de démarrer un semblant de discussion civilisée avec lui.

-S'cuse moi… Je suis un peu à cran. Je voulais pas te vexer. Ça fait longtemps que t'es ici?

Vu comment il est atteint, ça doit faire un moment. Le pauvre. Je me sens méchante. Bah tant pis.

[te vexe pas pour les pensées d'Armie… elle est folle XD ]

Charly ne répondit pas à la première question d'Armie. Les notions de compliment ou de reproche lui étaient très lointaine. Et puis il n'était pas du tout du genre question-réponse...

En revanche, il remarque très bien la mine de mépris qu'elle eut à son égard. Il connaissait très bien cette expression que prenaient tout le temps les gens quand ils le voyaient. Il containt la colère qui montait en lui et se prépara à une riposte bien placé. Il n'avait pas eut le temps de bien s erendre compte qu'elle l'avait aussi traité de taré. Mais alors qu'il allait ouvrir la bouche pour parler, quelque chose de bien étrange se produisit qui l'interrompit.

Alors que la fille ne bougeait pas, il entendit un eclat de rire. Il crut d'abord qu'il n'avait sûrement pas bien vu et qu'en fait elle avait bel et bien bougé. Mais il avait déjà entendut sa voix et celle du rire n'était pas la sienne. D'ailleurs c'était une voix d'homme.
Eberlué, il n'avait pas eut le temps de localiser d'où ce rire venait. Il avait juste eut la très désagréable impression qu'il était tout proche. trop proche à son goût...

Tout à ses réflexions, il avait complètement zappé la suite de ce que lui avait dit Armie. Il la regarda sans la voir. Mais cette fois c'est parce qu'il était plongé dans ses pensées.
Fronçant les sourcils et sentant les battements de son coeur s'accéléré, il fit reculer du bras Armie sur le coté et inspecta l'endroit.

" Attends un moment. "

Il regarda bien mais il n'y avait personne. Il inspecta éfalement à droite, et à gauche. Puis derrière lui. Finalement, ne pouvant se résoudre à abandonner, il courrut vers les buissons les plus proches et les fouilla avec rage. Il courut aussi chercher de l'autre coté du chemin. Puis il revint et passa la tête à travers la grille pour voir s'il y avait quelqu'un.
Il pousa un cri de rage et secoua la grande grille comme si c'était elle la coupable.
Les cheveux encore plus en bataille et le regard emplit de frustration et de haine, il revint vers son point de départ et se laissa tomber par terre. Les genoux ramenés sur sa poitrine et entouré par ses longs bras maigres.

Pas longtemps après que Jesse eut ri de sa remarque, j'ai remarqué le changement dans le regard du fou. Mais je n'y ai pas fait attention. Après tout, pourquoi se soucier de ce type? Il n'a rien d'intéressant à m'offrir, rien de glorifiant pour lui et en plus il me semble complètement atteint. Je remarque qu'il a à nouveau cessé de me voir. Son regard est vide. On dirait qu'il cherche quelque chose avec ses oreilles seules. Je lance un rapide regard à Jesse, qui hausse les épaules en signe d'incompréhension. Ben si même lui ne sait pas quoi faire en pareil cas, c'est que c'est vraiment trop fou comme situation.

Je continue -pour être sûre de ne pas avoir de mauvaises surprises- de le regarder avec attention. Il fronce les sourcils. Il a l'air vachement concentré. Est-ce qu'il l'est vraiment ou s'il fait juste semblant? Ce serait possible après tout. Je fronce à mon tour un sourcil. Oh ça m'ennuie. Peut-être que je devrais le laisser là tout seul et m'occuper de mes affaires, trouver ma chambre, rencontrer des gens normaux et peut-être même me moquer de certains débiles profonds, comme lui. Soudain, je sens une pression sur mon épaule. Je baisse les yeux et note le fait que ce petit con ose me toucher à nouveau, non pas me toucher, me pousser.

-Hey! je proteste avec colère.

Je l'observe. Il commence à réellement m'emmerder. Il regarde avec attention l'endroit où je me trouvais avant. Puis il me dit –enfin, pas sûre qu'il me parle à moi- d'attendre un moment. Comme si je n'avais que ça à faire, attendre que ton délire passe. Comme alimenté par quelque chose qui me paraît bien étrange, il court dans tous les sens, fouille les buissons avec un air rageur. Il a perdu quelque chose peut-être… Il faudrait peut-être prévenir quelqu'un, lui faire administrer de la morphine pour qu'il se calme. Une bonne –grosse- dose de morphine. Ça ne servirait pas à grand-chose. C'est un cas désespéré ce garçon.

-Dis… Je peux encore m'enfuir et ficher le camp d'ici tu crois? je murmure à Jesse en regardant l'autre hurluberlu qui s'acharne sur la grille. Ce type me fait peur.

- Non, je ne crois pas que tu puisses. Mais s'il arrache la grille, profites-en.
Je souris, amusée. Le garçon a lâché la grille depuis quelques secondes et revient vers nous. Il semble frustré, et las. Je le suis aussi, fatiguée de tous ces enfantillages. Il s'écrase devant moi, plié sur lui-même, retenant ses genoux sous son menton.

-Ça va? T'as fini ta crise, gamin? que je demande sèchement.

Je sens la main de Jesse sur mon épaule, qui m'apaise.

-Laisse-le. Tu n'as pas de temps à perdre avec une limace comme lui.

[Encore désolée pour la manière dont Armie perçoit Charly, et aussi pour le temps mit à répondre.]

[non, t'inquiète, au contraire, ça m'intéresse beaucoup de voir comment ton perso réagit au mien !]

Toujours aussi frustré par ce qui c'était produit et auquel il n'avait pas pu donner t'explication valable, Charly restait recroquevillé sur lui-même. Ce fut plus le ton dans la voix d'Armie que la phrase qu'elle prononça qui lui fit relever la tête.

C'est à ce moment qu'il entendit l'Autre Voix. La même qu'il avait crut entendre tout à l'heure. Il sentit un frisson lui parcourir toute l'échine et son poul s'accéléra. Il se releva en titubant et se mit à regarder alternativement Armie et l'origine de l'Autre Voix. Origine qui se trouvait être vide de toute présence.

Les yeux équarquillé par la peur, il était incapable de bouger. Cela aurait été facile de croire qu'Armie était ventriloque, or Charly n'avait pas assez vécu au contact de la société pour savoir ce que c'était.
Tout ce qu'il pouvait croire, c'était qu'il y avait un fantôme, un esprit, ou peut-être même quelque chose de plus...

Mais pour le moment, il était bien trop effrayé pour y réfléchir. Et il fallait qu'il évacu cette frayeur s'il ne voulait pas perdre le contrôle de lui-même. Il repenssa donc à ce que l'Autre Voix avait dit. Limace. Elle l'avait insulté de limace.
Son expression de peur se changea en colère et il se rua à l'endroit pile où il avait localisé l'Autre Voix avec un cri de rage.

[ Désolée, j'ai encore mit un max de temps à répondre. ]

Jesse m'amuse avec ces commentaires on ne peut plus juste. Il a toujours été aussi cru que moi, mais lui ne risque rien à l'être puisque personne ne peut l'entendre. Ça enlève un peu le charme. Ce qui est bien, c'est le risque de se faire renvoyer ses insultes au visage. Alors on peut riposter encore et encore jusqu'à ce que l'autre personne en ait assez. –ou n'ait plus de salive- La limace –ce qualificatif lui va plutôt bien- se relève d'une manière incertaine. Je persiste à dire qu'il a bu… ou qu'on l'a dopé à la morphine. Je l'observe, il fait la même chose, mais son regard passe parfois à côté de moi, là où se trouve Jesse. Non. C'est impossible. Il regarde le mur c'est certain.

-Hey ça va? je dis en détachant toutes mes syllabes.

Ses yeux sont ouverts en grand, on dirait des soucoupes, ou des phares de voiture. Tout d'un coup, son expression terrorisé d'animal battu se change en une expression sauvage, farouche. On le croirait prêt à dépecer quelqu'un. En criant, il se jette là où moi je vois Jesse. Il va le frapper? Malgré moi, malgré les recommandations de mon ange gardien, je crie.

-Jesse! Attention!

Bien sûr je fais ça pour rien. Il l'avait vu venir et s'était écarté du chemin. Maintenant il me toise avec un regard sévère. Il m'en veut d'avoir crié son nom. Chiasse. J'ai vraiment un don pour me foutre dans les emmerdes.

Evidement, ne pouvant pas voir le mouvement de Jesse, Charly ne rencontra que du vide et s'étala par terre. Les genoux et les bras écorchés, il se releva et regarda autour de lui, furieux.
Ne voyant toujours rien, il se tourna vers Armie. Malgré sa hargne, il souhaitait comprendre ce qui ce passait, et pourquoi il était encore une fois victime, malgré ses efforts. Il la fixa comme s'il voulait lire ses penssées.

" Qui est ici ? Réponds-moi ! Il y a quelqu'un, là. Tu l'as entendu aussi, j'en suis sûr ! Non... Tu... Tu l'as même prévenu !!! "

Maintenant Charly en était sûr. Cette fille commandait aux fantômes. Et plus le temps passait plus il en était convaincu. Mais la question suprême restait: voulait-elle lui faire du mal ou pas ? Lacherait-elle son fantômes sur lui ? Charly n'y alla pas par quatre chemin et demanda sur un ton froid et méfiant:

" Pourquoi tu me veut du mal ? "

Je regarde le garçon s'étaler platement par terre et réprime un fou rire. Le voir comme ça, foncer dans le vide est un spectacle des plus amusants. Enfin, je n'aurais pas réussi à me retenir de rigoler si Jesse n'avait pas eu l'air aussi furieux contre moi. Mais voyons! C'était seulement un réflexe de le prévenir. J'ai crains pour lui et il se contente de me faire les gros yeux. Pas de "merci c'est gentil". Non. Seulement une saloperie d'air bête. Je le sais que j'aurais du ne rien dire. Mais le regarder se faire rentrer dedans par un fou ne me plaisait pas du tout. Le type se relève et regarde partout autour de lui, à la recherche de quelque chose.

" Qui est ici ? Réponds-moi ! Il y a quelqu'un, là. Tu l'as entendu aussi, j'en suis sûr ! Non... Tu... Tu l'as même prévenu !!! "

Entendu quelqu'un? Mais bien sûr. Jesse est à côté de moi. Mais comment est-ce que lui aussi peut l'entendre? J'affiche un regard plus que surprit. Jesse aussi d'ailleurs. Je ne comprends pas. Il m'a toujours dis que j'étais la seule à pouvoir le voir, le sentir, le toucher, l'entendre. Pourquoi est-ce qu'un idiot comme ce gars-là a le droit de l'entendre aussi? Je n'ai pas envie de partager MON Jesse. C'est le mien, à moi et à personne d'autre. Il semble d'ailleurs comprendre cela et hoche la tête sans rien dire, aussi ébahi que moi. Je ne réponds pas. Qu'est-ce que je pourrais répondre? La dernière fois que j'ai dit "c'est mon ange gardien" on m'a enfermée dans un hôpital psychiatrique. Quoi que l'endroit où je me trouve semble être une maison de fous.

" Pourquoi tu me veut du mal ? "

Son ton est froid et distant. Pourquoi je lui voudrais du mal? Je n'ai rien fait d'autre que de me moquer de lui et, contrairement à ce que ça peut laisser paraître, ce n'est parce que je veux lui faire mal. Je suis ainsi avec tout le monde. C'est ma défense, mon attitude à moi. Je ne peux rien y faire si j'ai des tas de préjugés et que tout le monde m'ennuie.

-Écoute le p'tit. Moi tout ce que je veux c'est trouver mon chemin dans c't'endroit. Si t'entends des voix, c'est que t'as oublié de prendre tes médicaments. Moi j'y suis pour rien. Ta folie vient de toi.

Cette phrase, je ne croyais jamais l'utiliser. C'est ce que maman me dis sans cesse. Tu entends des voix. Tu es folle. Prends tes pilules. Je réprime un frisson. Je n'aime pas ça.

Charly avait du mal à suivre. Il ne comprenait pas le fait qu'il entende des voix, il ne comprenait pas non plus Armie. Il murmura, sûrement plus pour lui-même que pour Armie:

" Je ne suis pas fou. "

Cette toute petite phrase lui redonna un élan d'assurance. Il pouvait toujours contrôler les mots, voila quelque chose de rassurant. Et s'il était sûr d'une chose, c'était bien celle-là : il n'était pas fou !

" Si tu n'y est pour rien, alors pourquoi n'a tu pas peur de cette voix ? "

* Je ne suis pas fou, et je ne suis pas bête non plus ! Si elle peut parler à l'Autre Voix, elle peut aussi La commander. *

Charly aurait voulut comprendre tout ceci, mais ce qui c'était passé était bien trop d'aventure pour lui. Il aurait aimé partir loin de cette sorcière et se cacher en attendant la nuit, beaucouo plus tranquille et agréable que le jour.
Mais il ne voulait, il ne devait surtout pas lui tourner le dos.