Thao : Établissement au service de la science

Après une longue abscence Héloïse était revenue à la maison Thao. Elle n'avait pas eu le choix, à peine inscrite ici qu'on la rappelait pour régler des histoires de testament. Apparament une personne de sa famille lui avait légué une belle somme sans qu'elle en connaisse les motivations. La jeune fille avait du quiter ses seules attaches, autrement dit deux de ses camarades, pour retourner au près de ses "très chèrs" parents. Cette abscence fut donc pour elle pire que tout.
Elle n'avait prévenu personne mais visiblement personne n'avait cherché à savoir ce qui lui était arrivé. C'est pourquoi elle revint au pensionnat la mine sombre. Yuki et Charly l'avaient trahis ! Comment avaient-ils put oser ? Héloïse n'avait pas de rancune, néanmoins elle avait perdu toute confiance en eux.
Aujourd'hui elle avait l'impression de revivre son arrivée, de nouveau là , avec son sac et entourée de pleins d'élèves inconnus.

*Que vais-je faire ? Tout le monde est contre moi ... Ca ne doit pas être bien vu une élève qui se paye des vacances... oui ils ont du croire que j'étais en vacances même si s'est loins d'être le cas. *

Elle vit alors un adulte, c'était bien la première fois qu'elle croisait un membre du personnel. En premier lieu cela l'étonna, l'établissement avait-il prit des nouvelles mesures ? Elle l'observa de loin.

*S'il est aussi strict qu'il en à l'air alors mieux vaut faire profil bas.*

Elle comprit qu'elle était obligé de passer devant lui pour aller jusqu'à sa chambre. Etre repérée dès le début ne l'enchantait pas. Mais la vue de ce personnage sinistre lui fit imaginer le pire, entre autre un renvoi dû à son abscence injustifiée.
Elle ne vit qu'une seule solution : l'amadouer, sympathiser.
Dure tâche pour elle que personne n'aimait, elle la victime.

"Bonjour... je me présente , je suis Héloïse Farn."

Le style de cet homme lui inspira un certains nombre de préjugé et la crainte de se faire vanner dès le début.
Elle regarda ses chaussures, ne voulant pas voir sa réaction.

Une voix angélique, une voix de jeune femme le fit sortir de ses rêveries douteuses… La venue d’une autre personne en ces lieux le lassait indifférent mais il décida de s’adonner aux civilités d’usage car sa nouvelle perspective de vie ici l’avait rendu guilleret (dans la limite où le sinistre docteur Köller pouvait être guilleret bien entendu…). Il jeta un œil pour apercevoir la jeune et frêle créature qui se tenait à ses côtés avant de lui dire d’un ton monocorde :

« Hello miss Farn, permettez-moi de vous souhaiter la bonne journée. Je suis le docteur Köller et je viens d’être engagé dans ce centre ! Oserai-je vous demander si vous connaissez la marche à suivre pour pénétrer dans ce bâtiment par l’accès prévu à cet effet…? »

Le discours était charmant mais la voix de Gregor ne suivait pas. Pas un soupçon de sympathie ne filtrait de son timbre vocal grave et plat… Il jeta son mégot dans une flaque et laissa sa psyché se perdre tout en regardant la fumée se dissiper… Il se reprit soudain et posa à nouveau son regard inexpressif dans celui d'Héloïse Farn, dans l’attente d’une réponse.

Héloïse fut vraiment étonnée de la réaction de ce Köller. Sa façon d'être n'était pas du tout en accord avec son apparence. Il avait l'air presque gentil... C'était assez troublant pour la demoiselle.

*Il est étrange. Limite s'il n'a pas l'air atteint d'un dédoublement de la personnalité. MAIS OUI ! c'est ça ! il a deux "moi" en lui, sinon pourquoi être aimable avec moi ? Donc ce ne serait pas un docteur mais un patient. Ceci dit il n'a pas l'air tout jeune. Adulte physiquement et adolescent psychologiquement, oui car un adulte ne m'aurait jamais dit "Hello". C'est une marque de familiarité évidente. Et puis s'il avait été membre du personnel quelqu'un serait venu l'accueilir. Néanmoins il doit bien y avoir une limite d'âge pour entrer à la maison Thao ... *

La jeune fille était restée muette un long moment, prise par ses pensées. Elle n'avait pas du tout cherché à dissimuler son étonnement qui se lisait ouvertement sur son visage. Elle remarqua alors que l'imposteur attendait une réponse. Une réponse à quoi ? Elle n'avait pas vraiment écouté tout ce qu'il avait dit.
Un rien déconcentrait Héloïse. Celle-ci vit justement le mégot qu'il avait jeté par terre.

"Je ne suis pas sûre qu'on ai le droit de fumer ici. Quand bien même c'est ... un manque de ... de respect pour les autres que de le balancer par terre ! "

*Il s'en moque et va me trouver bien agaçante avec ma remarque. Il a le droit de fumer ... Oui mais ... mais non on est dehors. Mais ... pourquoi lui ai-je dit ça ? *

Héloïse se rendit compte qu'elle n'avait toujours pas répondu. Elle supposa que la question concernait le chemin à prendre pour arriver au hall, généralement c'était la question que se posait les nouveaux.

"Pas la peine de me vouvoyer, on est de la même condition!
Oui je connais le chemin, je peux même te guider puisque je m'y rend. Ce n'est pas très loins.
Dis moi, t'as quel âge ? "

De la même condition…? Que voulait-elle entendre par là ! Cette catégorisation fut le déclencheur d’un accès de schizophrénie… Gregor entendit une fois de plus la voix du docteur Köller dans sa tête, sa propre voix mais… Les propos que celle-ci tenait n’était pas de son propre fait : c’était toujours une expérience troublante et dérangeante pour Gregor que de s’entendre dire des choses aussi rude…

*De la même condition… pfff, il y a toujours des fous pour se croire à notre hauteur… n’est-ce pas Greg…? Nous sommes au zénith de l’existence, nous transcendons la science !!! Elle, elle n’est rien qu’une pauvre âme perdue dans les limbes de l’ignorance… Tu m’entend Greg…?*

À entendre ce discours emprunt d'une vanité extrême, Gregor ne put s’empecher d’avoir un battement de cil nerveux ainsi qu’un incontrôlable mais bref tremblement des mains… Puis il marmonna presque indiciblement :

« La ferme Köller, la ferme…!!! »

Reprenant ses esprits, il s’intéressa de nouveau à la jeune fille. Toujours d’une façon presque mécanique, il dit :

« Vous êtes vous aussi médecin ? Dans ce cas je pense que le tutoiement est à proscrire car nous n’avons pas à utiliser de familiarité en tant que collègue : le travail avant tout !
C’est étrange, vous paraissez bien jeune pour être diplômée… Mais qu’importe, j’ai la chance de vous avoir avec moi, je vais vous demander de m’informer des quelques modalités utiles pour que je puisse exercer ici… De plus, j’espère ne pas abuser en vous demandant si je peux accéder aux fichiers des patients… Au fait, pour répondre à votre précédente question je vais sur mes 40 ans…! »

Comme à son habitude, il n’avait pas prononcé un mot plus haut que l’autre et attendait la réaction de son interlocutrice, le regard braqué dans le vide et l’oreille attentive au bruissement de l’eau dans les flaques…

*40 ans ! Nan mais c'est quoi ce délire ? ils internent des patients de 40 ans ? non il doit me charier. Enfin bon, c'est pas tout jeune jeune. Ca doit être pour des raisons économiques peut-être, enfin de là à prendre des individus aussi âgés ...*

Héloïse était naïve de croire qu'il s'agissait d'un patient, mais en même temps il y avait beaucoup de raisons de le croire. De toute manière s'il n'était pas patient il n'était pas plus docteur...
Elle imagina alors que le centre avait dû créer une autre section qui prennait en charge les adultes. Mélanger adultes et ados tarés en un même lieu n'était sûrement pas la meilleur chose à faire.

*Et en plus il parle tout seul. Sérieux cas. *

Héloïse commença à s'inquiéter. Elle ne savait pas avec qui elle était et sa situation n'était pas enviable : seule avec un homme fou et dont le traitement n'avait pas encore commencé. Sa rentrée commençait bien !
Au pire s'il cherchait à l'agresser ... s'il cherchait à l'agresser .... s'il essayait elle paniquerait encore plus. Mais à part ça elle n'avait pas d'idée pour se défendre. La seule chose qu'elle avait sous la main (c'est le cas de le dire) c'est une paire d'ongles manucurés.

*On a vu mieux. *

Héloïse commença à avancer et fit signe au Köller de la suivre.
Il la prenait apparament pour un médecin, elle en déduisit qu'il était à fond dans son délire. Pour ne pas le contrarier elle décida d'aller dans son sens.

"Je suis ici en stage pour compléter mon cursus.
Naturellement vous aurez un double de tous les dossiers. Ceux si sont nombreux, vous n'allez pas vous ennuyer ici. Avec un peu de chance vous aurez aussi votre propre bureau... enfin je n'en suis pas certaines mais je vous le souhaite : le lieu est parfois bruyant mais vous vous habituerez.
La direction n'est pas un problème, elle préfère rester dans son bureau et limitet les intervention sur le terrain. Donc vous aurez pratiquement le champs libre et ce d'autant plus qu'il y a peu de règles d'éthique ici."

A y réfléchir Héloïse n'était pas mécontente de jouer la comédie, pour une fois elle s'exprimait sans timidité et elle trouvait ça plutôt agréable.
Elle était donc partagée sur ce jeu de rôle. Elle ne préferais pas imaginer les conséquences de cette affaire pour le moment.

La tournure que prenaient les événements ne semblait pas trop mauvaise… Gregor camouflait avec brio la joie qui l’envahissait de pouvoir sous peu pratiquer des expériences sur des sujets humains, pousser la connaissance de l’Homme sur l’Homme, tel était la raison de sa présence en ces lieux… Il laissait les basses taches de soin à ses pseudo collègues cliniciens qu’il estimait plus prompts à se remplir les poches sans efforts plutôt qu’à vouer leur vie à offrir de nouvelles perspectives à l’humanité…
Cependant, quelque chose dérangeait Gregor et plus particulièrement Köller, son penchant mégalomane : La jeunesse de la fille !
Ce n’était pas tellement qu’elle paraissait trop jeune pour être diplômée qui le dérangeait, c’était plutôt le fait qu’elle avait été diplômée plus jeune que lui, le scientifique inégalable…Cette perspective se présentait comme un échec personnel aux yeux du mesquin et égoïste Köller !
Gregor reprit la parole d’une voix terne comme à son habitude, il pensait toujours parler à un médecin et commis la bourde du siècle en lui parlant sans détours de ce qu’il pensait du centre :

« Bien, cela se présente pour le mieux… Par contre, si je peux me permettre une remarque, je trouve que c’est une mauvaise idée de laisser mes futurs ‘cobayes’ se côtoyer entre eux… Cela pousse souvent à la révolte et j’ai bien peur que certains des cas les plus graves ne polluent les échantillons les plus sains du fait de leur sordide ‘peste psychique’… J’ai besoin des adolescents les plus sains car c’est à cet âge que l’esprit humain est le plus facilement accessible et malléable ! »

Il aurait certainement regretté ses paroles s’il avait su qu’il était en train de raconter, d’une manière froide et méthodique, ce qui se passait réellement dans ce centre et surtout, quelle valeur les médecins prêtaient aux patients… Oui, si il avait su qu’il parlait justement à un des ‘cobayes’ dont il faisait mention, il se serait gardé d’évoquer la vérité aussi crûment !!!

"DES COBAYES ! Nan mais est-ce qu......."

Héloïse s'arrêta net. Elle était à deux doigts de foutre en l'air sa couverture, mais le Köller traitait avec infamie tous les patients. Elle qui déjà ne comprenait pas ce qu'elle fesait dans la maison Thao et qui était persuadée d'être aussi saine d'esprit que possible, était outrée d'un tel qualificatif à son égard.
Ceci dit la jeune fille relativisa.

*Il ne sait pas ce qu'il dit évidemment... Le personnel ne nous voit pas ainsi. Certes quelques personnes présentes doivent sortir du lot et retenir plus l'attention des dirigeants, mais ce n'est pas le cas de tout le monde... et encore moins de moi... non , moi je suis normale contrairement à cet homme.*

Héloïse chercha à rattraper la situation. Pour cela elle se mit à rire. Ce rire était étrange, il apparaissait nerveux.

"Oui bien sûre, des cobbayes ! Je partage tout à fait votre avis. De toute manière ce sont comme des déchets de la société, on ne peut rien tirer d'eux si ce n'est la possibilité d'expérimenter quelques petites choses. Pour le moment je n'en suis qu'au stade de l'observation des sujets, mais dans très peu de temps je passerais à l'application et je serais ravie de vous faire partager quelques unes de mes expérimentations ! A condition bien sûr que le coeur vous en dise...
La majeure partie des ados sont "maléables", il suffit juste de trouver leur point sensible donc comme je vous le disais il s'agit d'observer.
Mon intérêt se porte particulièrement vers les personnes atteintes d'un dédoublement de la personnalité , et vous ? "

Elle avait prononcé cette dernière phrase en visant directement son interlocuteur. Elle était curieuse de sa réaction. Allait-il passer outre ce détail ou capter le sous-entendus ?
Héloïse regardait la distance s'amenuiser et s'en réjouissait, plus ils approchaient du hall, plus elle se sentait en sécurité . La jeune fille commençait à se détendre. D'ailleurs elle ramssa des petits cailloux qu'elle s'amusait à jeter parterre, puis à enfoncer dans la terre en marchant dessus : une activité qu'elle appréciait bien que ce soit assez limité intellectuellement. Héloîse s'arrêta un instant pour ajouter une réflexion.

"Admirez donc le parc, c'est la seule chose qui ne soit pas sordide dans le centre."

Les dédoublements de la personnalité…!? C’était un fâcheux affront que venait de subir le docteur Köller. Affront qui résonnait à présent dans son crâne, rouvrant à vif des plaies à peine suturées par de longues années d’autothérapie… Le battement nerveux de ses cils venait de reprendre avec plus d’ardeur que précédemment et fut suivi presque instantanément par un mal de tête violent : De toute évidence, c’était le signe que Köller n’allait pas tarder à s’exprimer, et avec une force décuplée !!!

*Pas d’excitation, reste calme et réfléchi… Utilise un peu ton sens rationaliste, toute conséquence découle d’une cause… Et puis, elle ne faisait peut-être pas allusion à toi ! Il doit y avoir des tas de schizophrènes dans cet institut !!!*
*Mais bien sur !!! Elle a juste balancé cette réplique entre la poire et le fromage… Pitoyable Gregor… Même pas 5 minutes qu’elle nous côtoie et elle nous as déjà cerné à 110% !!! Héhéhé… Tu pensais que nous ferions illusion longtemps Greg…?*
*Si tu la fermais ça serait déjà plus facile !!!*

Au prix d’un effort surhumain de concentration, Gregor avait réussi à calmer les ardeurs de Köller… Le fait d’être conscient de sa maladie sans pouvoir rien y faire mettait le docteur dans l’embarras car il est vrai que les autres schizophrènes avaient au moins le privilège de tout ignorer de leur état… En clair, Gregor avait étudié tous les aspects de son problème mais était dans l’incapacité de le résoudre !
Gregor reprit enfin son souffle avant de ressortir des horreurs de son cru, étant certain que c’était cela qui avait déclenché cette attaque personnelle, il reprit avec quelques difficultés son discours sur son ton dénué de toute expressivité émotive :

« Les dédoublements de la personnalité… Intéressant mais… J’ai une affection toute particulière pour l’étude des limites de l’esprit humain. Rien n’est plus jouissif que d’être le spectateur d’une expérience telle que celle-ci : Placer, par exemple, un sujet en recherche perpétuelle de l’affection d’autrui dans une petite pièce fermée de l’extérieur. Quelques caméras habillements camouflées permettent assez vite de se rendre compte de l’état de délabrement moral qui va suivre de ce manque de contact humain. L’hystérie va s’emparer du sujet, il va se rouler par terre, se plaindre de tous les maux possibles et imaginables, tenter plusieurs fois de mettre fin à ses jours… Pas une seconde il ne se doute que le sacrifice de sa raison va servir à l’avancé de la question psychologique… Le plus étonnant et, oserais-je le dire, le plus amusant est de le voir se mettre à discuter avec le mobilier pour pallier le manque qu’il ressent au niveau des relations sociale…! Ne trouvez vous pas cela pathétique à l’extrême…? »

Puis il ajouta, avec un petit sourire sadique :

« Vous aviez raison, ce parc est magnifique !!! »

Héloïse avait beaucoup de mal à comprendre ce que Köller débitait. Elle connaissait quelques petits trucs en psychologie et cela grâce aux articles de vulgarisation présents dans certaines revues de "filles". Mais ce n'étais pas avec ce faible bagage qu'elle pouvait entretenir une conversation de trifouilleur d'esprit. Elle commençait à douter... Bien sûre Köller ne savait pas non plus ce qu'il disait, mais elle avait tout de même au fond d'elle un mauvais préssentiment. Comme si la véracité de ses paroles allaient être décisive...
En outre la demoiselle -bien que n'ayant pas tout saisit- sentait que derrière le discours de son "collègue". Peut-être devait voir une réponse à sa précédente offensive sur la schyzophrénie ? Quoiqu'il arrive elle se sentait de plus en plus mal à l'aise. Héloïse comprenait pas pourquoi, elle n'était pas comme la description que son interlocuteur avait fait. C'était plutôt inconsciemment que cela la touchait, et plus il se perdait dans les détails et qu'elle imaginait, elle ressentait des palpitations ainsi qu'un fort besoin de crier.
La jeune fille ne souriait plus. Elle voulut stopper dès maintenant leur sujet de conversation et n'hésita pas à le faire.

"Avant de venir ici... où avez travaillé ?"

Elle sentait que sa timidité reprenait le pas et personne n'était là pour l'aider. Sa façon de parler et de se tenir avaient elles aussi évoluées et reflétaient beaucoup plus sa vraie personnalité.
Elle repensa aux paroles du Köller , celles-ci tournaient dans sa tête , résonnaient et l'étourdissaient. Héloïse céda .

"Pouquoi tant de méchanceté* ?!! vous êtes vraiment un ........"

Elle eut voulut ajouter 'horrible personnage' mais se retint. Elle n'avait pas à dire ça et elle ne voulait d'ailleurs pas assumer de telles paroles. Néanmoins Héloïse n'était pas de ceux qui fuyaient ... enfin pas pour le moment.

*Le pauvre... il ne va pas comprendre pourquoi je lui dit cela ... il ne m'a rien fait réellement... et moi ... me voilà ainsi à porter un jugement idiot et gamin... *

"Excuse-moi... ExcusEZ-moi... je suis désolée, ne faites pas attention à ce que je vous ai dit.... je... c'était malvenu de ma part."

Elle se mordit les lèvres. Plus elle parlait, plus elle s'enfonçait. Elle ne voyait pas comment rattraper ses erreurs... celles-ci s'accumulaient et comme toujours lui montraient qu'elle n'était rien.
Héloïse commençait à détester ce Köller ... enfin non , ce n'était pas tout à fait de la haine . C'était une impression étrange puisqu'à bien y réfléchir la seule personne qu'elle détestait c'était elle. Alor peut-être était-ce le fait de la mettre face à la réalité qu'elle n'appréciait pas.

[hRP : *tout ça me fait penser à l'orangina rouge XD]

L’auditrice de Köller semblait se sentir de plus en plus mal… Il ne s’en émeut pas plus que ça, après tout, il n’était pas là pour s’occuper du bien-être des médecins mais plutôt des patient… En fait non, le bien-être des patients n’est qu’une chose secondaire qu’il n’est pas nécessaire de prendre en compte ! Peut-être qu’il se pencherait sur les soucis de certains d’entre eux dans un but thérapeutique et pour se prouver qu’il n’a pas trop perdu la main… La jeune stagiaire venait de lui poser la question de son lieux de fonction, il répondit donc promptement avec l’attitude routière qui lui est propre, prenant plaisir à mirer le regard de sa vis-à-vis où il pouvait lire l’angoisse et le dégoût :

« J’ai commencé mes études à Londres où j’ai adopté les technique du courant behavioriste avant d’élargir mes axes d’études en m’intéressant à l’approche gestaltiste en Autriche… Puis j’ai complété ma formation de psychologue par un diplôme en sociologie pour me pencher sur l’étude des masses, diplôme que j’ai obtenu aux Etats-Unis ! Ceci fait, je me suis installé comme clinicien dans mon pays d’origine, la France, j’ai donc ouvert un cabinet de psychanalyse à Paris où j’ai officié quelques années sans grandes convictions et… »

Il ne put pas finir son laïus, la petite venait de craquer et de ranger ses études dans le cadre de la méchanceté… Elle s’excusa ensuite, empêchant de ce fait toute récidive hostile de la part de Köller…
Gregor trouva intéressant de développer le point qu’elle venait d’évoquer à savoir : la méchanceté…

« Ne vous excusez pas… Chacun peut exprimer sans honte ses opinions et je ne vous en veut pas de contredire mon point de vue déshumanisé… Cependant je me demande pourquoi vous avez choisit de venir ici ! Si c’est pour jouer les médecins humanistes vous auriez mieux fait de rester dans une clinique un peu plus conventionnelle que celle-ci !!!
Néanmoins, je pense que vous vous trompez… Je ne suis pas méchant car la méchanceté est une invention humaine, un chimérique héritage de la religion… Ce que vous appelez méchanceté, cruauté ou malfaisance, je l’appelle curiosité médicale, scientifique et humaine ! »

Puis il pris la jeune femme par le bras et l’arrêta net avant de lui dire dans le blanc des yeux :

« Votre point de vue naïf me plait, mettons nos connaissances en commun pour faire avancer les sciences sociales et humaines !!! Ma rigueur scientifique et ma dureté empirique vous servirons autant que votre côté humain me permettra de mieux analyser mes résultats sur nos futurs sujets !!! »

Il laissa son interlocutrice réfléchir et sortit une cigarette qui alluma sur le champ.

[H.J : Non !!! Köller est bien plus méchant que l'orangina rouge !!! ^^]

Köller venait de lui confirmer une fois de plus qu'il n'était pas docteur. En effet, malgré le fait qu'Héloïse avait momentanément abandonné son rôle de docteur au profit de sa véritable identité, il n'avait rien perçut. Elle le trouva franchement au ras des paquerette pour ne pas l'avoir démasqué... c'était sûrement dû à l'âge et la maladie. Toujours est-il qu'elle ne savait pas si elle devait s'en réjouir ou non.
Elle prit sur elle-même et garda désormais ses réflexions pour elle.

*Exprimez ses opinions ça c'est sûr qu'il ne s'en gêne pas. Et quand bien même j'exprimerais plus les miennes, elles ne seraient pas aussi mauvaises que les siennes.*

Héloïse se reprit lorsqu'elle entendit le point de vue du schyzophrène. Notamment au sujet de la curiosité médicale. Elle avait presque honte de s'avouer qu'il n'avait pas tort. Pour progresser il fallait bien passer par là. Mais la science doit-elle focrément impliquer des mauvais traitements sur les sujets test pour progrésser ? C'était cette idée qui la dépassait, pour arriver à un resultat positif à la société , il fallait passer par le sacrifice de quelques-uns. De plus en psychologie on pouvait difficilement passer par des essais sur des animaux avant de passer à l'application sur un humain. Héloîse ne savait pas en définitive de quel côté pencher.
Quand il la prix par le bras cela se confirma, la jeune fille eu un vague ressentiment de répugnance et d'admiration à la fois pour son collègue. Elle le laissa terminer sa phrase et ajouta :

"Si on doit s'en tenir au vouvoiement alors qu'il en soit de même pour les contacts : pas de familiarité. N'est-ce pas ? "

Cette phrase n'avait rien de très sympathique mais comme à son habitude elle s'était exprimée avec gentillesse, donc il n'y avait là rien de désagréable, enfin pas pour une personne normale.
Pour Héloïse s'était une logique, le pseudo docteur avait fait son choix alors elle avait préféré le rappeler à l'ordre en quelque sorte.

*Ca ne peut-pas être un ami. Ni un ennemi d'ailleurs. Je suis certaine qu'il a un bon fond même si ses paroles peuvent être choquantes. En creusant plus ... oui ce n'est qu'une façade de sa maladie.*

"Sinon je suis favorable à une mise en commun de nos savoir. Mais sachez avant que je ne suis pas naïve, je me met simplement à la place des patients. Il ne faut pas se borner à la théorie et à la froideur vis à vis d'eux. D'autant plus qu'être à leur écoute permet bien souvent d'éviter certains problèmes qui peuvent être néfastes pour l'expérience. "

Héloîse gravit les marches du perron. Elle mit la main sur la poignée et avant d'ouvrir la porte elle se mit à sourire et dit avec amusement :

"Nous voici à deux doigts d'entrer dans le hall... retenez votre souffle ! "

La petite effronté commençait sérieusement à lui donner un mal de crâne de tous les diables… Tantôt familière, tantôt distante… Quelquefois inhibée d’une aura de contenance maladive mais le plus souvent impulsive… Toujours insultante, sinon respectueuse… Mais que voulait t’elle de lui à la fin…? Il avait déjà assez de problèmes de communication comme ça, pas besoin de le laisser dans l’incertitude constante à chaque réplique !!! Il commença à serrer le bras de la demoiselle de plus en plus fort sans pour autant avoir le contrôle sur ses membres : C’était Köller qui parvint alors à articuler quelques mots, au grand dam de Gregor… Quand c’était son alter ego malfaisant qui s’exprimait par sa bouche, sa voix calme et posée était substituée par une tonalité stridente et semblant provenir d’outre-tombe :

« Espèce de… défection de l’…humanité !!! Tu… tu… crois pouvoir me donner des… ordres !? Tu n’es rien qu’une apparition… ordurière que je tolère dans mon… champ… vis… visuel !!! »

A ces mots il lâcha le bras de Farn et tomba à genoux… L’effort qu’avait effectué Gregor pour retrouver l'usage de son corps était à la limite du surhumain et un fin filet de sang coulait de ses narines sans qu’il en ait conscience… Il fit deux pas en arrière en sanglotant sans plus oser regarder Héloïse dans les yeux et attendit sa réaction avec appréhension tout en pensant :

*Je me suis… Enfin, TU m’as grillé face à une membre du personnel Köller ! Comment veux-tu qu’ils me laissent officier ici à présent…?*
*Tu sais ce que j’en pense…! Un témoin mort n’est plus un témoin utile à notre discrimination…héhéhé…*
*Un meurtre…? Jamais tu entends…?*

Héloïse ne s'était pas du tout attendue à une telle réaction de la part du Köller. Néanmoins, elle eut comme une sensation étrange lorsqu'il ressera son emprise sur elle. La jeune fille se rappela d'un ancien camarade. Ce n'était pourtant pas du tout le même profil. L'un était rassurant, l'autre -Gregor- était violent. Elle ne comprenait quelle était la similitude entre ces deux personnages. Toujours est-il qu'elle ne cria pas quand il lui serra le bras malgré la douleur. Elle semblait impassible, mais dans sa tête les idées se bousculaient. Héloïse n'eut ceci dit pas beaucoup le temps de se poser des questions. Son collègue venait de gentillement l'insulter. Dans son grand optimisme elle voulu se convaincre qu'il n'était pas en possession de ses moyens pour dire de telles choses. Mais après tout c'était trop facile de le déculpabiliser ainsi.

*Peut-on considérer que nous ne sommes pas responsable de ce dont nous n'avons pas conscience ? De plus il a peut-être deux personnalité mais comment savoir laquelle est la vraie ? Et puis justement les deux font partie de lui alors il est responsable des deux, non ? Roh pourquoi ce genre de personnes tombent tout le temps sur moi ? *

Elle aurait voulut en placer une mais il ne lui en laissa pas le temps. En moins de deux il était à terre, puis l'instant suivant à quelques pas d'elle en train de sangloter. C'était dans ce genre de moment que la jeune fille voulait redevenir une enfant et dire quelquechose comme "pouce".
Elle hésitait : devait-elle réagire , et si oui comment ?
Déjà elle n'était pas habituée à voir un garçon pleurer et encore moins à cet âge. Dans un sens ça la gènait un peu.
Les larmes lui vinrent aux yeux, c'était idiot mais la demoiselle réagissait généralement ainsi. Elle ne supportait pas de voir les autres dans un tel état.

*Je suis trop émotive, il me débite les pires saloperies et moi j'éprouve pour lui de la compassion. Non mais c'est du délire. *

Elle s'approcha de lui et lui tendit un mouchoir pour qu'il essuie la trainée de sang. Avec douceur elle prit la parole.

"Ecoute ... Je ne tiens pas compte de tes paroles pour cette fois. Mais je tiens tout de même à souligner qu'un tel comportement est à un degré de vulgarité et de méchanceté inadmissible. Je ne suis peut-être qu'une "défection de l'humanité" à tes yeux mais dans le cas présent ce n'est pas moi qui me suis effondrée. Alors la franchise c'est bien, mais le respect n'est pas à ommettre. Tes excuses seront d'ailleurs les bienvenues ..."

Héloïse se moquait du vouvoiement, il avait dépasser les bornes alors elle n'avait plus à se limiter aux conventions de ce schyzophrène.
Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever [HRP: j'arrive pas trop à savoir si ton perso est toujours à genoux ... ]
Quoiqu'il en soit Gregor avait de la chance d'avoir en face de lui une bonne pomme, ce n'était pas certains que tout le monde ait réagit avec aussi peu de rancune. De toute manière même si Héloïse en voulait aux gens, il était rare qu'elle devienne violente, pour cela il fallait vraiment la pousser à bout... et dans ces cas là elle pouvait aller loin.

Toujours sous le choc de la prise de pouvoir de son alter ego, Köller écoutait attentivement le discours de sympathique miss Farn… Il est vrai que peu de gens s’entêteraient encore à parler à un type aussi bizarre et impulsif que lui mais dans le discours altruiste de sa vis-à-vis l’irascible docteur ne vit que du mépris et de la condescendance… Il se releva après le court monologue d’Héloïse, il ne daigna pas pendre le mouchoir et ne s’aida pas de la main de celle-ci. Après s’être assuré d’être bien campé sur ses deux jambes, il ôta le sang ruisselant de son nez avec la manche de sa veste… Le sang ne cessait pas pour autant de couler, par dépit il ne réitéra pas son geste et il décida de prendre la parole d’un ton sec :

« Toutes mes excuses si j’ai heurté votre sensibilité par mes propos, il est vrai qu’une humaniste telle que vous n’a de cesse que de s’apitoyer sur le sort des autres… Nous ne travaillerons pas ensemble pour finir : Vos sensibleries ridicules me ralentirait dans mon travail et, comme vous avez pu le voir, j’ai tendance à mal supporter la présence de certaines catégories de personne…! »

Puis il s’approcha d’elle au plus prés, retira ses lunette et la fixa droit dans le yeux pour lui dire tout aussi sechement que précedament :

« Je vous révulse...? Je vous dégoûte...? Et bien contemplez moi bien ! Je ne suis que le reflet de ce que vous serez plus tard, vous êtes encore une stagiaire : une ‘âme pure’… A trop sonder la nature humaine, à trop voir les horreurs que sont capables de faire les humains, on en vient à douter de sa propre raison !!! Si cela vous fait peur, si ce que je suis vous effraye alors changez de voie… Mais je vous le dit tout net, si vous choisissez de continuer votre investigation dans la psychologie vous deviendrez comme ça ! (A ces mots, Gregor se pointe du doigt) Et sur la fin, vous vous retrouverez dans un endroit tel que celui là… En tant que patiente ! »

Puis il s’éloigna d’elle et pénétra dans le bâtiment.
=> Hall